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  • Nom du fichier : Srila Bhati Prajnana Kesava Maharaja
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DES EXEMPLES EXTRAORDINAIRES D'UNE PERSONNALITÉ EXTRAORDINAIRE

 

Mon śikṣā-guru, Śrī Śrīmad Bhakti Prajñāna Keśava Gosvāmī Mahārāja, avait l'habitude de dire: "Lorsque j'étais dans le ventre de ma mère, un renonçant vint chez nous et lui donna une friandise, qu'elle accepta et mangea. Selon elle, c'est la raison pour laquelle je n'ai jamais eu de désirs matériels, pourquoi j'ai toujours voulu être renonçant, et pourquoi je suis venu à Śrīla Prabhupāda à un très jeune âge." Lorsque Śrīla Maharāja était un bébé, un grand oiseau le prit et s'envola dans le ciel et le ramena. De tels événements ne peuvent jamais arriver à des personnes ordinaires; ils sont révélateurs de personnalités extraordinaires.

Mon śikṣā-guru, Śrī Śrīmad Bhakti Prajñāna Keśava Gosvāmī Mahārāja, avait l'habitude de dire: "Lorsque j'étais dans le ventre de ma mère, un renonçant vint chez nous et lui donna une friandise, qu'elle accepta et mangea. Selon elle, c'est la raison pour laquelle je n'ai jamais eu de désirs matériels, pourquoi j'ai toujours voulu être renonçant, et pourquoi je suis venu à Śrīla Prabhupāda à un très jeune âge." Lorsque Śrīla Maharāja était un bébé, un grand oiseau le prit et s'envola dans le ciel et le ramena. De tels événements ne peuvent jamais arriver à des personnes ordinaires; ils sont révélateurs de personnalités extraordinaires.

 

SES PATHA-PRADARŚAKA GURUS

 

Śrīla Keśava Gosvāmī Mahārāja fit son apparition divine dans le village de Vānarīpāḍā, au sein du district de Variśāla, au Bangladesh. Il appartenait à une famille de riches propriétaires terriens. Lorsqu'il était jeune, ses tantes paternelles Śrī Sarojinī dāsī et Śrī Priyatamā dāsī l'amenèrent à rencontrer Śrīla Prabhupāda Bhaktisiddhānta Sarasvatī Ṭhākura. Parce que Śrī Priyatamā dāsī quitta son corps très tôt, nous entendons généralement davantage parler de Śrī Sarojinī dāsī dans le récit de la vie de Śrīla Keśava Gosvāmī Mahārāja.

 

UN JOYAU PARMI LES SEVAKAS

 

Au début de sa vie à la maṭha, Śrīla Mahārāja était connu sous le nom de Śrī Vinoda-bihārī Brahmacārī, et Śrīla Prabhupāda lui décerna plus tard le titre de 'Kṛti-ratna', désignation par laquelle il devint célèbre. Kṛti signifie "activité", et ratna signifie "joyau", et le titre de "Kṛti-ratna" désigne donc une personnalité experte dans l'accomplissement des activités liées au service du guru et des Vaiṣṇavas, et qui considère ces activités comme sa vie et son âme. Ce titre convenait à juste titre à Vinoda-bihārī Brahmacārī, car il était un joyau parmi les sevakas.

 

CONCILIER DES INSTRUCTIONS APPAREMMENT CONTRADICTOIRES

 

Lorsque Śrī Vinoda-bihārī Brahmacārī accepta le refuge des pieds de lotus de Śrīla Prabhupāda à un jeune âge, il séjourna comme brahmacārī à Śrīdhāma Māyāpura. Un jour, après avoir reçu une lettre de la mère de Śrī Vinoda-bihārī Brahmacārī, Śrīla Prabhupāda lui ordonna de lui rendre visite chez elle. Śrī Vinoda-bihārī Brahmacārī médita sincèrement sur ce qu'il devait faire. D'un côté se trouvait un enseignement qu'il avait précédemment reçu de Śrīla Prabhupāda:

sakala janme pitā-mātā sabe pāya

kṛṣṇa guru nāhi mile, bhajahô hiyāya.

Śrī Caitanya-maṅgala (Madhya-khaṇḍa)

On a un père et une mère dans toutes les espèces de vie. Mais il est rare d'obtenir un guru authentique et Kṛṣṇa. On doit réaliser cela au plus profond de son cœur. D'un autre côté se trouvait l'ordre de Śrīla Prabhupāda de rendre visite à sa mère.

Tout en contemplant ces instructions apparemment contradictoires, Śrī Vinoda-bihārī Brahmacārī considéra que la première instruction reflétait l'humeur interne de Śrīla Prabhupāda basée sur une vérité impartiale, et que la seconde était peut-être donnée pour l'examiner ou évaluer son dévouement à Śrīla Prabhupāda.

Śrī Vinoda-bihārī Brahmacārī conclut: "Śrī guru ne demanderait jamais à un disciple d'entretenir des relations matérielles, par lesquelles le disciple deviendrait lié par les cordes de l'attachement. Au contraire, il instruit toujours ses disciples de réaliser leur relation avec l'entité éternelle, Śrī Bhagavān. Par conséquent, je suivrai l'instruction de Śrīla Prabhupāda pour réaliser la rareté d'atteindre l'association de śrī guru. Je m'abstiendrai de rendre visite à ma mère. En agissant ainsi, je ne désobéirai pas à Śrīla Prabhupāda. En fait, il sera plus satisfait que si j'exécutais son ordre immédiat de retourner chez moi." Le réflexe de Śrī Vinoda-bihārī Brahmacārī de plaire à son gurudeva en restant dans la maṭha était correct, et ainsi Śrīla Prabhupāda lui accorda sa miséricorde.

 

SERVIR PAR LA GÉNÉROSITÉ

 

Le père de Śrī Vinoda-bihārī Brahmacārī était un riche propriétaire terrien, et il était donc habitué à des dépenses somptueuses durant le temps passé chez lui. Après avoir accepté le refuge de Śrīla Prabhupāda et rejoint la maṭha, on lui confia le service de gestion des propriétés de la Śrī Caitanya Maṭha, ce qui l'obligeait à visiter à cheval diverses propriétés de Māyāpura. Rien que de le voir, les habitants avaient peur. Chaque fois qu'il traversait le Gange, il payait le batelier non pas en comptant le tarif exact, mais en fouillant dans sa poche et en offrant ce qu'il en retirait. Tous les bateliers le suppliaient: "O Vinoda Bābū, viens avec moi! Laisse-moi te faire traverser avec mon bateau."

Un dévot s'est un jour plaint à Śrīla Prabhupāda : "Nous travaillons dur pour collecter des dons pour la maṭha, mais Vinoda-bihārī Prabhu dépense inutilement ces fonds durement gagnés pour payer les gens bien plus que ce qui leur est dû. Il ne prête aucune attention au montant qu'il donne. Est-ce bien correct?"

Śrīla Prabhupāda demanda à ce dévot: "Combien d'argent dépensais-tu quotidiennement lorsque tu vivais chez toi?"

"Une paisā (0,00012 €)", répondit le dévot.

"Et combien dépenses-tu maintenant ?"

Le dévot répondit d'un air penaud : "Environ dix paisā (0,0012 €)".

Śrīla Prabhupāda dit: "Vinoda-bihārī avait l'habitude de dépenser environ cent roupies (1€20) par jour, et maintenant il dépense environ cinq roupies (0,06€). Lequel d'entre vous, alors, est véritablement renoncé?".

Ceux qui manquaient de vision appropriée voyaient que Śrī Vinoda-bihārī Brahmacārī gaspillait les dons destinés au service de Śrī Hari, du guru et des Vaiṣnavas. Mais Śrīla Prabhupāda comprenait ses intentions réelles. Par sa générosité, Śrī Vinoda-bihārī Brahmacārī se créait des alliés qui soutiendraient la Śrī Gauḍīya Maṭha en cas d'opposition future.

 

UNE RÉPONSE ACTIVE À UNE DEMANDE PASSIVE

 

Śrī Vinoda-bihārī Brahmacārī a toujours fait tout ce qui était requis pour le service de Śrīla Prabhupāda. Une fois, Śrīla Prabhupāda lui demanda sans emphase: "Sommes-nous incapables d'acquérir le bhajana-kuṭīra de Śrīla Bhaktivinoda Ṭhākura à Godrumadvipa?" Bien que la question soit passive, elle revêtait une grande gravité pour Śrī Vinoda-bihārī Brahmacārī. Il se trouvait incapable de rester paisible tant qu'il n'avait pas acquis ce bien. Telle était son humeur de service pour Śrīla Prabhupāda. En plus du bhajana-kuṭīra de Śrīla Bhaktivinoda Ṭhākura, il réussit à acquérir le lieu du Chand Kazi et de nombreuses autres endroits à Śrīdhāma Māyāpura.

 

PROTÉGER LES DÉVOTS CONTRE LES DÉLINQUANTS VIOLENTS

 

En plus de gérer les propriétés de la Śrī Caitanya Maṭha, Śrī Vinoda-bihārī Brahmacārī reçut le service de gérer les affaires judiciaires de l'institution. À cette époque, les musulmans occupaient de nombreux lieux saints de Māyāpura, notamment Candraśekhara-bhavana, Śrīvāsa-aṅgana, la résidence de Śrīdhara-kholaveca et le samādhi du Chand Kāzī. Un jour, les musulmans qui occupaient le samādhi frappèrent quelques brahmacārīs de la Śrī Caitanya Maṭha. Śrī Vinoda-bihārī Brahmacārī ne put tolérer ce comportement violent envers les dévots. Se montrant protecteur, il intenta un procès au nom de la Śrī Caitanya Maṭha, et certains des musulmans furent ainsi mis en prison.

Śrīla Prabhupāda n'a pas apprécié que les musulmans soient emprisonnés. Il dit: "Nous devrions nous opposer aux activités injustes réalisées plutôt qu'aux personnes qui les réalisent. Nous ne devrions pas chercher à punir les gens en les mettant en prison, mais plutôt en défendant hardiment les principes que nous défendons et en s'élevant contre les activités injustes." Ainsi, sur l'ordre de Śrīla Prabhupāda, les dévots payèrent la caution des musulmans.

 

RISQUER SA VIE POUR SERVIR ŚRĪLA PRABHUPĀDA

 

En son temps, Śrīla Prabhupāda prêchait sans crainte contre nombre de pratiques et de croyances des apasampradāyas (lignées philosophiques déviées) se réclamant de la lignée de Śrī Caitanya Mahāprabhu. Il déclara haut et fort qu'il était immoral de faire payer les pèlerins pour avoir darśana de la déité de Bhagavān et erroné de considérer que les brāhmaṇas sont les seuls candidats qualifiés pour le poste de guru. Sa propagation de la véritable doctrine Gauḍīya de Śrīman Mahāprabhu contredisait et remettait en question les philosophies viciées de ces sectes trompeuses, et mettait ainsi en péril leurs dons et leur sentiment de prestige. Alors que la renommée et l'influence de Śrīla Prabhupāda continuaient à se répandre, ces groupes devinrent de plus en plus envieux.

Lors du parikramā de Śrī Navadvīpa-dhāma de 1925, Śrīla Prabhupāda dirigeait un groupe d'environ cinq mille pèlerins et cent huit joueurs de mṛdaṅga. En tête de l'énorme fête du parikramā se trouvaient un orchestre et la déité de Śrīman Mahāprabhu, qui chevauchait magnifiquement un éléphant. Les antagonistes des apasampradāyas envieux descendirent sur la procession du parikramā à Prauḍhāmāyā Talā avec la mauvaise intention d'enlever la vie de Śrīla Prabhupāda.

Sentant l'immense danger que courait son gurudeva, Śrī Vinoda-bihārī Brahmacārī n'hésita pas à agir. Il escorta rapidement Śrīla Prabhupāda jusqu'à un endroit sûr, où avec ingéniosité il échangea ensuite ses vêtements blancs contre les vêtements couleur safran de Śrīla Prabhupāda et s'arrangea pour qu'il soit renvoyé à la maṭha avec quelques autres dévots. Se faisant passer pour Śrīla Prabhupāda, Śrī Vinoda-bihārī Brahmacārī attendit ensuite la fin de l'attaque au péril de sa vie. Pendant ce temps, Śrī Paramānanda Brahmacārī, le sevaka personnel de Śrīla Prabhupāda, se déguisa en civil, afin que personne ne le reconnaisse comme un dévot de la Gauḍīya Maṭha. Remplaçant son dhotī par un gamacha et portant un narguilé, il se rendit au poste de police pour signaler l'attaque. Les fonctionnaires de police sont rapidement arrivés sur les lieux et la foule s'est dispersée.

Tout comme une personne lève instinctivement le bras pour se protéger des coups d'un agresseur, Śrī Vinoda-bihārī Brahmacārī - qui était un membre de Śrīla Prabhupāda et non différent de lui - protégea par réflexe son gurudeva non seulement de cette attaque physique vengeresse, mais aussi des attaques philosophiques. Par sa prédication audacieuse et tenace, il défendit sans crainte les conclusions philosophiques de Śrīla Prabhupāda.

 

UNE FOI FERME EN ŚRĪLA PRABHUPĀDA, L'ÉMISSAIRE DE ŚRĪLA BHAKTIVINODA THĀKURA

 

En plusieurs endroits, Śrīla Bhaktivinoda Ṭhākura a écrit qu'il est inutile de construire des temples ou des maṭhas, car de telles activités conduisent inévitablement à des procès dans lesquels les membres d'une institution se disputeront ses diverses propriétés et ses biens. Or, nous constatons d'autre part que Śrīla Prabhupāda a construit de nombreuses maṭhas. Nous ne devons cependant pas en conclure que Śrīla Prabhupāda a ignoré les instructions de Śrīla Bhaktivinoda Ṭhākura. Nous devrions plutôt comprendre qu'il a parfaitement exécuté la volonté de Śrīla Bhaktivinoda Ṭhākura.

En tant qu'associé intime de Śrīla Bhaktivinoda Ṭhākura, Śrīla Prabhupāda comprenait le cœur de Ṭhākura. Par conséquent, il pouvait facilement comprendre le raisonnement et les implications subtiles derrière chacune de ses instructions. Chaque enseignement comporte des aspects positifs et négatifs. En décrivant l'établissement d'institutions spirituelles comme inutile, voire défavorable, Śrīla Bhaktivinoda Ṭhākura mettait en garde contre le résultat négatif de telles entreprises. Mais cela ne signifie pas que la création d'institutions spirituelles soit dépourvue d'aspects positifs. Śrīla Prabhupāda a compris que, même au prix de potentielles luttes intestines, la construction d'une maṭha sera réussie si un seul de ses résidents progresse sincèrement sur la voie de la pure dévotion à Bhagavān.

Tous les dévots de la mission de Śrīla Prabhupāda, y compris Śrī Vinoda-bihārī Brahmacārī, ont travaillé dur pour acquérir des terres, construire et entretenir des maṭhas. Ils ne remirent pas une seule fois en question l'allégeance de Śrīla Prabhupāda à la bonne exécution des instructions de Śrīla Bhaktivinoda Ṭhākura. Ils croyaient fermement que les paroles et les activités de Śrīla Prabhupāda étaient en accord avec les enseignements de Śrīla Bhaktivinoda Ṭhākura et qu'ils avaient son approbation.

 

DENONCER UN LEADER INCOMPÉTENT

 

Après la disparition de Śrīla Prabhupāda Bhaktisiddhānta Sarasvati Ṭhākura, le moment vint de choisir un nouveau président-ācārya de la Gauḍīya Maṭha. Guru Mahārāja estimait que Śrī Śrīmad Bhakti Pradīpa Tīrtha Gosvāmī Mahārāja était le candidat le plus méritant. Cependant, en temps voulu, Śrī Ananta-vāsudeva Prabhu fut nommé à l'unanimité à ce poste, Śrī Vinoda-bihārī Brahmacārī faisant office de secrétaire.

Lorsque la mauvaise réputation de Śrī Ananta-vāsudeva Prabhu fut révélée, Śrī Vinoda-bihārī Brahmacārī appela Guru Mahārāja et dit: "Hayagrīva Prabhu! (Nom de brahmacari de Srila Bhakti Dayita Madhava Maharaja) Nous avons plongé nos mains dans des selles humides. Si elles avaient été sèches, elles n'auraient pas dégagé une odeur aussi répugnante. Mais malheureusement, la réalité est que sa puanteur et son caractère abjecte sont excessifs. Nous devons éprouver des remords et expier pour avoir soutenu Ananta-vāsudeva et pour avoir mis si longtemps à comprendre ce qui se passait réellement. Une personne incompétente doit être aidée, mais une personne incapable qui ridiculise le grand public en jouant le rôle d'un leader qualifié doit être évitée. Aidons les gens du monde entier en exposant cette personne, afin que chacun puisse voir sa vraie nature.

"En raison de ton tempérament raffiné et doux de Vaiṣṇava, tout le monde te considère comme un ami et accorde de l'importance à ce que tu dis. Par conséquent, veuille réunir tout le monde et organiser une réunion, afin que nous puissions déterminer ensemble comment nous opposer à lui."

Conformément à la demande de Śrī Vinoda-bihārī Brahmacārī, Guru Mahārāja rassembla leurs frères en dieu et tint une réunion, à l'issue de laquelle il fut décidé de porter plainte contre Śrī Ananta-vāsudeva Prabhu. C'est ce procès qui permit à la Gauḍīya Maṭha de se scinder légalement en deux groupes.

 

SON INTOLÉRANCE À LA MOINDRE DÉVIATION

 

La prédication de Śrī Vinoda-bihārī Brahmacārī inspira son frère aîné à prendre refuge auprès de Śrīla Prabhupāda et à rejoindre la maṭha. Lorsque Śrīla Prabhupāda ordonna à son frère d'accepter le sannyāsa, celui-ci ne voulut pas. Bien que Śrī Vinoda-bihārī Brahmacārī soit plus jeune, il réprimanda son frère aîné en disant, "Pourquoi n'accomplis-tu pas le désir de Śrīla Prabhupāda de te donner le sannyāsa?". Après avoir considéré ces paroles d'encouragement, son frère accepta de prendre sannyāsa, et il devint connu sous le nom de Śrī Śrīmad Bhakti Kevala Auḍulomi Gosvāmī Mahārāja. Quelque temps après la disparition de Śrīla Prabhupāda, Śrīla Keśava Gosvāmī Mahārāja observa Śrīla Auḍulomi Gosvāmī Mahārāja et ses disciples dévier des enseignements de Śrīla Prabhupāda de trois manières:

      1. ils enseignaient que hare kṛṣṇa mahā-mantra ne doit pas être chanté à haute voix, mais plutôt en silence, de telle sorte que personne ne puisse entendre la vibration sonore ;

    2. bien que Śrīla Prabhupāda ait personnellement initié certains de ses disciples, dont Śrīla Auḍulomi Gosvāmī Mahārāja, dans l'ordre sannyāsa, ils abandonnèrent leur sannyāsa-veśa (robe) safran et portèrent à la place des bābājī-veśa blanches, prêchant que le sannyāsa-dharma est strictement interdit dans le Kali-yuga;

      3. bien que Śrīla Prabhupāda ait personnellement établi Śrī Navadvīpa parikramā, ils rejetèrent son accomplissement.

Incapable de tolérer la moindre déviation des enseignements de Śrīla Prabhupāda, Śrīla Keśava Gosvāmī Mahārāja rompit complètement ses relations avec Śrīla Auḍulomi Gosvāmī Mahārāja et ceux qui le suivaient. Il ne permit jamais à ses disciples de se rendre à Bāgbāzār Gauḍīya Maṭha ou à tout autre endroit où résidaient Śrīla Auḍulomi Gosvāmī Mahārāja et ses disciples. Si Śrīla Keśava Gosvāmī Mahārāja découvrait qu'un de ses disciples s'était rendu à la maṭha de Śrī Auḍulomi Mahārāja, il ordonnait à ce dévot de jeûner pendant trois jours, ne prenant que du pañca-gavya (les cinq produits de la vache - lait, yaourt, ghee, bouse et urine) comme expiation. Il disait: "Pourquoi es-tu allé là-bas? Tu es maintenant impur; tu dois te purifier en accomplissant cette expiation."

Finalement, Śrīla Keśava Gosvāmī Mahārāja décida de porter plainte contre Śrīla Auḍulomi Gosvāmī Mahārāja et ses disciples, annonçant hardiment que parce qu'ils n'acceptaient pas de nombreux enseignements de Śrīla Prabhupāda, ils ne pouvaient être considérés comme ses vrais disciples, et par conséquent ne devaient pas être autorisés à résider dans ses maṭhas. Mon Guru Mahārāja, Śrī Śrīmad Bhakti Dayita Mādhava Gosvāmī Mahārāja, me confia le service de transcrire les dictées de Śrīla Keśava Gosvāmī Mahārāja concernant le procès. J'apportais ensuite ces dictées à Śrī Śrīmad Bhakti Rakṣaka Śrīdhara Gosvāmī Mahārāja, qui ajustait le langage et éditait pour plus de clarté. Lorsque tout était terminé, je me rendais au tribunal et soumettais les documents finalisés. Le jour où le juge devait présenter son verdict, Śrīla Auḍulomi Gosvāmī Mahārāja et ses disciples apparurent au tribunal vêtus de sannyāsa-veśa safran et furent suivis par une grande procession chantant bruyamment le mahā-mantra. Śrīla Auḍulomi Gosvāmī Mahārāja avait donné sannyāsa à huit personnes juste ce jour-là. Devant le juge, ils ont dit: "Nous faisons Navadvīpa-dhāma parikramā, nous portons une robe safran, et nous portons nos sannyāsa-daṇḍas. De plus, nous avons établi une maṭha au nom de Śrīla Bhaktisiddhānta Sarasvatī Ṭhākura, et avons établi sa mūrti (forme de déité) dans la maṭha que nous construisons à Godrumadvīpa."

Bien qu'auparavant ils n'aient pas prévu d'avoir une maṭha au nom de Śrīla Prabhupāda ou d'y installer sa mūrti, se sentant menacés par les efforts audacieux de Śrīla Keśava Gosvāmī Mahārāja, ils nommèrent leur maṭha Śrīla Bhaktisiddhānta Sarasvatī Gauḍīya Maṭha. Ils nièrent toutes les allégations avancées par Śrīla Keśava Gosvāmī Mahārāja, et déclarèrent audacieusement: "Voyez donc! Nous chantons fort, nous portons la robe sannyāsa, et nous avons donné à notre maṭha le nom de Śrīla Prabhupāda. Comment peut-il prétendre que nous ne sommes pas des disciples de Śrīla Prabhupāda?" Voyant que cela était vrai, le juge rendit sa décision en faveur de Śrīla Auḍulomi Gosvāmī Mahārāja et de ses disciples. Il semblait que Śrīla Keśava Gosvāmī Mahārāja avait été vaincu. J'ai plaidé: "Beaucoup de tes frères en dieu ont participé à la constitution de ce dossier pendant longtemps. Moi aussi, j'ai tant peiné à transcrire vos dictées, à aller voir Śrīla Śrīdhara Gosvāmī Mahārāja pour les éditer et à fournir des informations au tribunal. Maintenant que nous avons perdu le procès, ne ferais-tu pas appel du verdict du juge?" Śrīla Keśava Gosvāmī Mahārāja répondit: "Nous irons plus loin que s'ils vont à nouveau à l'encontre des enseignements de Śrīla Prabhupāda."

Il m'a alors demandé: "Combien de coups de poing peux-tu tolérer ?"

J'ai répondu: "Pas même un seul coup de poing. Je m'opposerais fermement à ce qu'on m'en donne."

Śrīla Mahārāja (Srila Bhakti Prajnana Kesava Maharaja) a demandé : "Et combien pourrais-tu en tolérer si tes mains et tes jambes étaient attachées avec des cordes?"

J'ai répondu: "Je serais obligé de tolérer quelque soit le nombre de fois qu'on m'en donne."

"De la même manière, chaque fois que quelqu'un commet des erreurs et va à l'encontre des enseignements de Śrīla Prabhupāda, nous lui lierons les mains et le battrons au maximum de nos capacités jusqu'à ce qu'il accepte ces enseignements." (c'est dit d'une façon imagé) Il a ensuite expliqué: "Mon seul désir était qu'ils suivent à nouveau la lignée de Śrīla Prabhupāda, et nous voyons qu'ils le font maintenant. Ils portent maintenant la robe sannyāsa, décernent le sannyāsa à d'autres et chantent bruyamment le hare kṛṣṇa mahā-mantra. C'était mon objectif. De cette façon, nous avons été victorieux. Notre combat n'avait d'autre but que d'établir les siddhānta (vérités concluantes) appropriés et de les reconnecter avec Śrīla Prabhupāda."

Aujourd'hui encore, tous les disciples de Śrīla Auḍulomi Gosvāmī Mahārāja et les dévots de Bāgbāzār Gauḍīya Maṭha acceptent le sannyāsa, accomplissent le Navadvīpa-dhāma parikramā, chantent bruyamment le mahā-mantra et accomplissent le harināma-saṅkīrtana. Tout cela est dû à la miséricorde de Śrīla Keśava Gosvāmī Mahārāja.

 

"NOUS NE SOMMES PAS ICI POUR TRAITER DE L'IMMOBILIER"

 

Alors que Śrīla Prabhupāda était physiquement présent, Śrī Vinoda-bihārī Brahmacārī désirait acheter un terrain appartenant à des musulmans, adjacent à Śrīvāsa-aṅgana, qui était la propriété de la Śrī Caitanya Maṭha. Les propriétaires musulmans refusèrent cependant de vendre ce terrain à la Śrī Caitanya Maṭha, car ils étaient envieux de l'influence croissante de l'organisation à Māyāpura. Après quelques désaccords suite à la disparition de Śrīla Prabhupāda, Śrī Vinoda-bihārī Brahmacārī se sépara officiellement de la Śrī Caitanya Maṭha, s'installa à Śrī Navadvīpa-dhāma et forma la Śrī Gauḍīya Vedānta Samiti. Après avoir accepté le sannyāsa, il se fit connaître sous le nom de Śrī Śrīmad Bhakti Prajñāna Keśava Gosvāmī Mahārāja. Après avoir appris son récent départ de la Śrī Caitanya Maṭha, et dans le but de saboter l'institution, les propriétaires musulmans furent alors très heureux de vendre le terrain à Śrīla Keśava Gosvāmī Mahārāja.

Dès que les dévots de la Śrī Caitanya Maṭha apprirent que Śrīla Keśava Gosvāmī Maharāja avait acquis ce terrain, ils brisèrent son mur d'enceinte et le revendiquèrent comme faisant partie de leur propriété. Lorsque j'ai mentionné cela à Śrīla Keśava Gosvāmī Maharāja, il a ri et a dit : "C'est très bien ainsi. Quand Śrīla Prabhupāda était ici, je voulais acheter cette terre et la prendre aux musulmans. Cela m'irritait que nous possédions tous les biens environnants, à l'exception de ce petit morceau de terre, qui appartenait à des personnes exerçant des activités contre la bhakti. Je n'ai pas acheté cette terre pour mon propre plaisir, mais pour le service de Śrīla Prabhupāda. Il n'y a aucun mal à ce que la Śrī Caitanya Maṭha la réclame. Au contraire, j'ai la chance qu'ils l'aient pris pour le service de Śrīla Prabhupāda." Il a ensuite affirmé: "Nous ne sommes pas ici pour faire du commerce de biens immobiliers. Notre seul devoir est de servir Śrīla Prabhupāda et les Vaiṣṇavas."

 

"NOUS N'AVONS PAS REJOINT LA MATHA POUR ACCUMULER DES BIENS"

 

Un incident similaire s'est produit après la disparition de Śrīla Prabhupāda. Les dévots de la Śrī Caitanya Maṭha voulaient vendre une propriété qu'ils possédaient et qui avait un verger de manguier. La propriété se trouvait à un endroit appelé Rāutalā dans Śrī Navadvīpa. Śrīla Keśava Gosvāmī Maharāja, cependant, s'opposa à la vente et intenta un procès contre eux. Ne pouvant pas utiliser son propre nom pour intenter un procès car il avait été précédemment emprisonné en raison de fausses accusations portées contre lui, il le fit plutôt sous le nom de ses frères en dieu Śrī Śrīmad Bhakti Vijñāna Āśrama Gosvāmī Maharāja et Śrī Khagena Prabhu.

Cependant, lorsque des dévots de la Śrī Caitanya Maṭha sont venus témoigner devant le tribunal, ils ont insisté sur le fait qu'ils n'avaient jamais eu l'intention de vendre cette propriété, et qu'ils n'avaient pas l'intention de la vendre à l'avenir. Ils ont également présenté à la cour une déclaration écrite à cet effet. En entendant cela, le juge a rejeté l'affaire et a noté dans le dossier que le terrain ne sera jamais vendu.

Parce que j'étais extrêmement junior par rapport à Śrīla Keśava Gosvāmī Maharāja, au début j'avais une crainte respectueuse envers lui et ne lui posais jamais de questions. Mais à mesure que je poursuivais mon service de transcription quotidien auprès de lui, cette crainte s'est progressivement estompée.

Lorsque j'exprimai ma déception d'avoir perdu le procès malgré tous nos efforts et après avoir contracté une dette considérable, Śrīla Keśava Gosvāmī Maharāja me dit: "Tu es très jeune. Tu ne peux rien comprendre. "

Sa réponse m'a laissé perplexe. " Je ne comprends pas ", lui dis-je.

Il a ensuite expliqué : "Bien que légalement il puisse sembler que nous ayons perdu et qu'ils aient gagné, en réalité c'est nous qui avons gagné et eux qui ont perdu."

Cela n'a fait que me troubler davantage. "Encore une fois, je ne comprends pas. Comment aurions-nous pu gagner alors que l'affaire a été rejetée ?"

Śrīla Keśava Gosvāmī Maharāja dit: "Apparemment, je dois être explicite pour que tu comprennes. Écoute, nous n'avons pas rejoint la maṭha pour accumuler des biens. Cette affaire judiciaire ne concernait pas les terres. C'était une question de principe. Ce terrain appartenait à Śrīla Prabhupāda, et il voulait qu'il soit utilisé pour la mission de Śrī Caitanya Mahāprabhu. À la suite de notre action en justice, ils ont soumis un document officiel au tribunal indiquant qu'ils ne le vendront jamais. Ils sont maintenant tenus par la loi de garder la terre. Par conséquent, nous avons gagné et ils ont perdu."


UN LION COMME ACARYA

 

Bien que Śrīla Keśava Gosvāmī Maharāja paraisse mince et frêle, il était aussi féroce qu'un lion dans sa conduite et son dévouement à Śrīla Prabhupāda. Lorsqu'il manifesta ses divertissements de maladie, Guru Maharāja et Śrī Jaga-mohana Prabhu lui rendirent visite, me prenant avec eux comme leur sevaka. Au cours de leur visite, Guru Maharāja demanda à Śrīla Keśava Gosvāmī Maharāja: "Comment allons-nous poursuivre ces affaires judiciaires si tu manifestes des divertissements de maladie?"

Bien que Śrīla Keśava Gosvāmī Maharāja semblait très malade, sa réponse était si puissante qu'elle continue de résonner à mes oreilles, même à ce jour. Il a dit: "Peu importe ce qui m'arrive, les résidents de la maṭha doivent poursuivre ces procès, sinon ils n'auront pas le droit de rester dans la maṭha."

 

SOUCIEUX UNIQUEMENT DE LA MISSION DE ŚRĪLA PRABHUPĀDA, ET NON DES PROFITS OU DES PERTES

 

À ses débuts, la Śrī Devānanda Gauḍīya Maṭha de Navadvīpa ne comprenait que deux pièces: une pour Ṭhākurajī et une pour Śrīla Keśava Gosvāmī Maharāja et son sevaka. Bien que ses possessions fussent peu nombreuses et ses fonds maigres, il fut le premier à initier un parikramā annuel de Śrī Navadvīpa-dhāma distinct de la Śrī Caitanya Maṭha. Il contracta des prêts auprès de divers particuliers pour faciliter le parikramā et accueillit le plus grand nombre possible de pèlerins, sans demander à quiconque un droit de présence. Il ne se souciait ni des profits ni des pertes; sa seule préoccupation était de poursuivre la mission de Śrīla Prabhupāda. Telle était son niveau élevé de conscience.

Śrīla Keśava Gosvāmī Maharāja avait l'habitude de dire: "Bien que de nombreuses personnes aient séjourné auprès de Śrīla Prabhupāda durant les premiers jours de la maṭha, il n'a jamais ordonné à aucun d'entre eux de demander l'aumône. Les dévots étaient servis par les dons que les donateurs faisaient de leur propre chef. En raison d'une pénurie de provisions, pour le prasāda de midi, chacun recevait un seul bol de riz et de légumes sauvages. Lorsque nous accomplissions parikramā avec Śrīla Prabhupāda, tout le monde restait sous les arbres. Śrīla Prabhupāda connaît notre condition actuelle, alors il envoie beaucoup de choses. Maintenant, lorsque nous accomplissons parikramā, nous restons sous de grandes tentes et servons de grandes quantités de prasāda aux pèlerins."

Bien qu'en réalité il ne possédait pas grand-chose et devait emprunter de l'argent pour organiser les parikramās, Śrīla Keśava Gosvāmī Maharāja voyait indubitablement la miséricorde de Śrīla Prabhupāda partout et n'a véritablement jamais ressenti de manque.

 

PÈLERINAGES EN TRAIN PRIVÉ

 

Śrīla Keśava Gosvāmī Maharāja fut la première personne dans l'histoire de la Gauḍīya Maṭha à organiser des parikramās des lieux saints en Inde. Il réservait un train privé qui emmenait les pèlerins à travers l'Inde du Nord, l'Inde du Sud et d'autres lieux du pays. Le train privé avait deux sections: une pour la cuisine et une pour le nettoyage et autres services. Le groupe de parikramā s'arrêtait où il voulait, aussi longtemps qu'il le souhaitait, avant de passer au lieu suivant.

 

Traduit avec grand plaisir par Rasalila Devi Dasi

et corrigé par Narayani Devi Dasi