Au nom d'Allah
- Par Emeline Cuzin
- Le 13/05/2021
- Dans Sankirtan-Katha
- 0 commentaire
Après le festival du Ratha-Yatra à la Grande Motte, Trai Das Prabhu et moi-même sommes partis à Marseille pour distribuer des livres arabes aux maghrébins. J'étais très content d'avoir une telle compagnie, et dès le premier jour, nous sommes allés d'un magazin à un autre, dans la "kasbah" méditerranéenne. Crâne rasé et en dhoti, livres de Prabhupada à la main, nous ne passions pas inaperçus. Ils nous arrivaient de croiser des pères de famille nombreuses qui nous prirent plusieurs livres à la fois pour les offrir à leurs enfants; ils étaient d'autant plus attirés que les livres étaient dans leur langue. La plupart des gens nous faisaient très facilement des dons quand je leur disait: "Fi sabil Allah!", "au nom d'Allah". Plusieurs fois, il nous est même arrivé que des personnes que
l'on venait de rencontrer dans un magazin nous rattrappent dans la rue, pour nous prendre un livre: ils n'avaient pas osé le faire devant leurs amis et parents, par crainte de se faire critiquer. Une fois que Trai Das fut reparti en Italie, j'ai continué, mais cette fois-ci, j'étais seul. L'arrondissement où j'étais était peuplé de maghrébins de toutes sortes, vivant parfois dans la saleté et habitués à toutes sortes de vices, à tel point qu'un jour j'en ai eu marre, je voulais quitter cette scène répugnante, mais je me suis tout à coup rappelé du Caitanya Caritamrta. Lorsque Nityananda Prabhu prêchait dans des quartiers semblables au Bengale. Il a été jusqu'à approcher Jagai et Madhai, les individus les plus dégradés de Navadwipa, et Caitanya Mahaprabhu était très content de
Lui. Sans tenir compte du milieu dans lequel j'étais, j'ai alors redoublé d'enthousiasme, présentant les livres à n'importe qui, sans faire de distinctions. A ma grande surprise, les gens réciproquaient merveilleusement et à coeur joie. Je ne sais pas si vous connaissez le cours ''Belsunce'', mais c'était invraisemblable: je me retrouvais chez moi , au "bled", à "Bab el Oued" ou à la "kasbah". Tous les maghrébins, qu'ils soient algériens, marocains et tunisiens, étaaient là, pas besoin d'aller chez eux! Inspiré par Krsna, je faisais parfois des mantras en arabe maghrébin, ou en arabe littéraire, selon la personne. La majorité des gens que je rencontrais étaient analphabètes, mais parce qu'ils savaient reconnaître la vibration spirituelle, ils comprenaient
que je leur présentais des livres de sagesse. Un jour, alors que je faisais du porte à porte, un couple algérien m'a fait rentrer chez eux. J'ai commencé à glorifier la Bhagavad Gita en arabe et la dame montra beaucoup d'appéciation, à tel point qu'elle voulut se la procurer. Mais son cousin, qui était de passage chez elle, n'était pas convaincu et voulut l'empêcher de se procurer la Bhagavad-Gita, qui n'avait rien à voir avec le Saint Coran de Musulmans. J'ai essayé de lui expliquer que ce livre parlait du même Dieu, commun à tous les hommes; mais il ferma son oreille à tout ce que j'essayais de lui faire comprendre. Devant sa réticence, j'ai alors pensé "Inutile d'insister. Enfin, c'est dommage pour sa cousine!" C'et alors qu'elle est intervenue, d'une voix à la fois calme
et autoritaire "Ne l'écoutez pas, c'est encore un autre musulman fanatisé qui vient de là-bas. De toute manière, je suis certaine que le livre que vous nous présentez nous amène à comprendre l'Islam et le Coran." Je regarde la réaction de son cousin: il en a le souffle coupé, sa saliva a du mal à descendre. Défait, il ne rajouta pas un seul mot. La cousine me prit donc la Bhagavad Gita et me remercia de son passage chez elle. Un autre jour, j'étais dans la rue et je venais d'aborder une dame ui ne savait pas lire. Elle désira avoir l'opinion de son boulanger avant de se procurer un livre. Le boulanger, maghrébin comme elle, lit quelques lignes de "Revenir" et s'exclame "A ma connaissance, c'est un très bon ouvrage, il est rédigé en bon arabe ettraite en plus d'Allah" Convaincue,
la dame toute contente me prit la Bhagavad-Gita et le "Revenir" pour son fils étudiant en Algérie. Tout au cours de ma prédication, j'ai pu constater combien les arabes montrent du respect aux missionnaires et ne refusent pratiquement jamais de go^ter au Prasadam lorsqu'ils entendent "baraka", ce qui veut dire "miséricorde". Une fois que j'avais fini la plus grande partie des magasins, sur les conseils de Jaya Gaura prabhu, j'ai commencé à faire la rue, surtout peuplée d'Algériens en visite en France. Il ne faut pas croire que prêcher la Conscience de Krsna est toujours chose facile: de nombreux obstacles se dressent parfois sur le sentier et c'est la façon qu'à Krsna de mettre à l'épreuve notre détermination, notre amour
pour Lui et pour l'humanité souffrante. J'ai eu à faire à des personnes très méchantes qui venaient décourager ma prédication à chaque fois que j'arrêtais quelqu'un, lui disant que je n'étais pas musulman, que les livres que je leur montrais parlaient de christianisme etc... J'ai même été menacé. Un jeune ivrogne m'a un jour tiré sur la sikha. Me rappelant les épreuves tous les prédicateurs, je ne me suis pas pour autant découragé, au contraire, cela a redoublé mon enthousiasme.. Au lieu de m'en aller, je me suis rappelé Srila Prabhupada qui avait l'habitude de dire "Quand votre prédication crée des antagonismes, c'est bon signe." Finalement, la majorité des maghrébins sont favorables à la conscience de Krsna. Ce sont des serviteurs d'Allah
qui est Dieu Lui-même et il faut seulement apprendre à leur parler en fonction de ce qu'ils peuvent comprendre. Comme l'a dit le prophète Mohammad "Le peu de succès qu'on peut avoir dans la prédication est uniquement dû à la miséricorde d'Allah. De plus,
yasya prasadad bhagavat prasado
yasya prasadad na gatih kuto 'pi
"Par la grâce du maître spirituel, on peut recevoir la miséricorde de Krsna." N'oublions donc pas que nous sommes des instruments; c'est le guru qui prêche, et nous, nous ne faisons que l'assister.
TOUTES GLOIRES AU MOUVEMENT DE SANKIRTAN!!!
SRILA PRABHUPADA KI JAY!!!
Votre serviteur insignifiant
Gaura Bhakta Das
Tiré du Magazin Sankirtan-Katha - Journal de Sankirtan N°20
Le 20 Août 1989
Ajouter un commentaire